Le Dr Zakaria Bouguerra, médecin tunisien engagé, est décédé ce jeudi 17 avril 2025 à son domicile dans la banlieue nord de Tunis. Sa disparition a suscité une vive émotion dans le pays, tant il s'était illustré par son franc-parler et son engagement sans faille dans la lutte contre les crises sanitaires, notamment la pandémie de Covid-19. Il restera dans les mémoires comme un professionnel de santé engagé, n'hésitant pas à exprimer ses convictions pour protéger la population.
Médecin spécialiste en santé publique, le Dr Bouguerra s'est fait connaître du grand public par ses prises de position tranchées et ses alertes répétées sur la gestion de la pandémie. Dès les premières vagues de Covid-19, il a plaidé pour un confinement général d'au moins six semaines, estimant que seule une telle mesure pouvait freiner la propagation du virus et éviter l'effondrement du système de santé tunisien.
Il a également appelé à la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes pour empêcher l'entrée de nouveaux variants, comme Omicron, sur le territoire national. Pour lui, la prévention devait primer, et il n'hésitait pas à critiquer les décisions politiques qu'il jugeait laxistes ou tardives.
Il a qualifié de "folie" la décision de rouvrir les écoles en pleine pandémie, estimant que cela mettait en danger la vie des élèves et du personnel éducatif. Il a également critiqué la levée du confinement obligatoire pour les arrivants de l'étranger, qu'il considérait comme une erreur ayant contribué à la reprise de l'épidémie.
Le Dr Bouguerra n'a jamais mâché ses mots lorsqu'il s'agissait de pointer les défaillances du système de santé tunisien. Il a dénoncé la vétusté des infrastructures hospitalières, le manque de moyens et l'absence de vision stratégique des autorités sanitaire.
En 2020, il avait exprimé sa colère après le décès tragique d'un jeune médecin dans un hôpital de Jendouba, illustrant selon lui les carences criantes du secteur de la santé publique.
Au-delà de la pandémie, le Dr Bouguerra s'inquiétait des conséquences économiques et sociales des crises successives que traversait la Tunisie. Il appelait ses concitoyens à la vigilance, estimant que "notre génération paiera cher ce qui a été fait par les générations précédents".