"Libre", ce mot tant utilisé depuis le 14 Janvier: libre de choisir, libre de participer, liberté d'expression et depuis peu, une expression résonne dans nos oreilles sans cesse: logiciel libre. Un logiciel dont l'utilisation, l'étude, la modification et la duplication, en vue de sa diffusion, sont permises, que ce soit sur le plan technique ou bien légal.
Un vrai "saint graal" des avides tunisiens de liberté car les revendications dépassent le simple environnement politique pour toucher à notre vie courante et les outils qu'on manipule chaque jour. Mot d'ordre : la transparence et l'accessibilité!
Ces outils ont souvent été mis au placard. Des tentatives de SSLL (société) afin de mettre des plans d'embauche ont été avortées. Rien ne devait venir se mettre sur le chemin de la firme Microsoft, géant technologique mondial prônant la philosophie du "propriétaire". L'Etat tunisien a même signé avec la firme un contrat de partenariat en 2006 d'une durée de 5 ans. On l'accuse même d'avoir été complice de la censure qu'a connue la Tunisie lors du règne de la mafia Ben Ali-Trabelsi.
Mais voila que les logiciels libres se retrouvent propulsés au-devant de la scène après le départ de Ben Ali. Ces logiciels sont porteurs d'un message fort mais surtout représentent une valeur sure en terme d'économie d'argent vu leurs gratuité, modularité, interopérabilité... Mais les nouveaux pouvoirs en place les adopteront-ils pour autant ? Les Tunisiens sont-ils prêts à migrer vers le libre et mettre au placard le bon vieux windows ou Internet Explorer ?
Le mouvement Ettajdid s’intéresse au logiciel libre
Un des partis politiques tunisiens a sauté le pas : le mouvement Ettajdid a organisé vendredi après-midi une table ronde intitulée « Informatique libre pour citoyens libres ». Le Mouvement veut-il simplement surfer sur la vague et attirer dans ses rangs les informaticiens ? Ou bien son intérêt pour le logiciel libre est-il vraiment réel?
Les intervenants de marque, allant de professionnels du logiciel libre en Tunisie au président du parti pirate français Paul Da Silva, ont pour la majorité d'entre eux exposé les points forts du logiciel libre et quel pourrait être son apport aux niveaux politique, économique et social. Mais le débat n'est pas allé plus loin à part quelques questions intéressantes. On attendait de voir des solutions en terme de migration vers le libre ou la feuille de route du mouvement.
Le libre en Tunisie reste toujours orphelin d'une prise d'action. La volonté est certes présente, allant des étudiants aux professionnels de la scène informatique, mais c'est le passage à l'acte qui tarde à venir. Il est toutefois aisé de comprendre cette appréhension à migrer vers le logiciel libre quand, depuis votre tout jeune âge, on vous a élevés sur du Microsoft ou autre. Pour que l’adoption du logiciel libre se fasse, il faudrait sans doute traiter le problème à la source et l’intégrer dans le système éducatif. La communauté tunisienne des logiciels libres devra s'organiser afin d'offrir un vrai vis-à-vis au futur gouvernement et être apte à porter à terme des projets colossaux tels que des réformes éducatives ou bien la mise à la disposition des citoyens des données publiques plus connues sous le nom de "Open Data".
Les choses ne bougeront sûrement pas si une prise de position ferme n'a pas lieu. Ceci demandera une implication plus concrète des membres de la communauté mais aussi des engagements de la part des parties influentes du pays: les partis politiques, les associations mais surtout les différents paliers gouvernementaux, afin d’inclure les logiciels libres dans les appels d’offres et de les considérer comme une alternative fiable..